Les filets anti-requins pointés du doigt

Ingi Amr Samedi 30 Janvier 2021-16:09:13 Environnement
Les filets anti-requins pointés du doigt
Les filets anti-requins pointés du doigt

Sur son zodiac au large des côtes touristiques sud-africaines, Walter Bernardis, pionnier des plongées avec les requins, tire sur un filet anti-prédateur censé protéger les baigneurs de leurs attaques. Ressemblant à de banals filets de pêche de 200 mètres de long sur 6 mètres ancrés face aux plages les plus fréquentées de l’Est du pays, ces dispositifs, pour protéger l’homme, tuent indifféremment requins, dauphins, tortues, baleines ou dugongs, dénoncent leurs détracteurs. “Tout ce qui passe la tête dedans va mourir: c’est comme ça que fonctionnent les filets”, résume à l’AFP, Walter, qui a déserté les salles de classe après 20 ans d’enseignement pour conduire des touristes à la rencontre de ces poissons qui traînent une si mauvaise réputation. Dans les années 1950 en Afrique du Sud, une série d’attaques mortelles a fait déserter les plages de la province du KwazuluNatal, donnant des sueurs froides à une industrie du tourisme bien huilée sur tout le front de mer. La province attire chaque année plus de 6 millions de visiteurs. L’imagerie collective, renforcée par des films tels que les Dents de la mer sorti en 1975, a ensuite contribué à installer durablement l’image du requin mangeur d’hommes. Aujourd’hui, sur plus de 300 km de côtes étendues au nord et au sud de Durban, pas moins de 37 plages sont équipées de ces filets anti-requin controversés. De fait, aucune attaque mortelle dans une des zones désormais protégées n’est à déplorer depuis 67 ans. Une sécurité qui a un prix: chaque année, au moins 400 requins meurent tués par les dispositifs anti-prédateurs, reconnaît le comité requins, l’organisation qui gère ces systèmes dans la région. Parmi eux, une cinquantaine sont issus d’espèces menacées, comme les grands requins blancs et les requins marteaux. “Avant on appelait ça “plongée avec les requins tigre”, raconte Gary Snodgrass, un autre professionnel qui emmène les touristes nager avec eux. Mais ces dernières années, “on en croise si rarement” que le nom a dû changer. En 2019, 690 animaux ont été capturés dans ces filets antiprédateurs. “Beaucoup ont été relâchés en vie”, assure Matt Dickens, le directeur scientifique du comité requins. “Et ça représente moins de 10% du nombre d’animaux capturés par le secteur de la pêche”. Déjà victimes de la destruction de leur habitat, les requins sont aussi menacés par la surpêche et le commerce juteux de leurs ailerons.

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